Aïkido
: Le journal d'un débutant
(Saison 6)
Publié depuis le 9 décembre 2006 sur le site du club Marcq Aïkido : http://www.marcqaikido.com/
Saison 1 Saison 2 Saison 3 Saison 4 Saison 5 Saison 6
5. Faire ses gammes hors du tatami
Un joli tournoiement nous a surpris ce vendredi, en prélude au stage de Michel ERB : Cédric CHORT, 2e Dan, affilié à la FFAB, qui nous fait souvent le plaisir d’une visite, est venu de nouveau, mais cette fois auréolé d’un tout neuf brevet d’Etat qu’il a obtenu au bout d’une longue semaine d’épreuves.
C’est un jour de congé ordinaire. Tout est calme. Difficile de dire que le jour décline quand il ne donne, même en pleine lumière, que de pâles lueurs. J’allume une lampe de chevet qui circonscrit de son halo réconfortant une sorte de nid de travail que je me suis concocté et qui a tous les airs d’un tableau de commande de Boeing 747. Ordinateur (de bord) sur lequel se trouve un tableau récapitulant toutes les techniques exigibles pour passer le 1er Kyu (depuis le 5e) et les vidéos de Sensei Tissier qui en décomposent la plupart, une planche sur laquelle figure en bonne place l’ouvrage du même Sensei détaillant en photos toutes ces techniques —ouvrage que j’avais déjà amplement crayonné lors de ma précédente préparation—, des feuilles blanches pour prendre des notes et de quoi écrire.
Si mes maîtres m’autorisent à me représenter au 1er kyu, il me reste 3 mois environ.
Bigre...
Aussi, me suis-je établi un plan de vol en trois temps.
C’est un travail de bénédictin dans la toute jeune nuit de l’hiver, je le concède ; alors, j’alterne ces trois temps au cours d’une même séance de travail, pour ne pas trop me lasser.
Avouez tout de même : quel gouffre il y a entre le « voir » et le « faire » ! Entre le « comprendre » et le « faire » ! Car s’il suffisait de l’un pour obtenir l’autre, nous serions tous haut gradés !!!! Il y a tant de choses qui interfèrent : l’état physique, la constitution des partenaires, le degré de fatigue, la plus ou moins grande souplesse, l’hésitation ou non, la justesse d’exécution, sa rapidité… Au surplus, en travaillant de cette façon, nécessaire en soi mais évidemment incomplète, je ne me départis pas d’une certaine frustration : je voudrais pouvoir tester dans l’instant, par exemple, cette phase de contre sur shomen uchi que je viens seulement de comprendre ou de retrouver et que je sais ne pas respecter. Mais avec qui le pourrais-je ? Avec Sophie, ma femme, elle si douce, si fragile ? Et où ? Dans mon salon, sous le lustre en cristal ? Ce qui m’amène à trépigner d’impatience en mon for intérieur jusqu’à notre prochaine rencontre. Je ne suis pas non plus à l’abri d’instants de panique quand je vois tout le chemin qu’il me reste à parcourir, tout ce qui me reste à préciser, peaufiner, et aussi, et surtout toutes ces difficultés qui me sont propres et que je souffre de ne pouvoir toujours surmonter.
Je n’écarte pas l’idée que ces efforts, à certains égards, aient quelque chose de vain et que la pratique seule est déterminante pour progresser… Hors du tatami point de salut ! Mais je me rassure en me disant que cela procède du désir de vouloir mettre toutes les chances de mon côté !
Et le temps file ainsi, à bord de ce vol d’études, sans que j’en prenne conscience, jusqu’à ce qu’il soit temps pour moi d’atterrir : c’est déjà l’heure de se préparer pour le prochain cours. La température au sol est de 15°C, doux pour la saison. J’attache ma ceinture : à nous deux la pratique !
Nimbé de cette gloire toute fraîche, il commença le cours comme d’habitude parmi les apprenants, quand François PENIN, notre professeur, l’invita après une heure de cours à prendre sa place pour poursuivre la leçon de façon totalement inopinée.